Situation économique .

 

 

La situation économique :

l’épuisement du capitalisme financier

 

 

 

 

La crise financière fait sentir ses effets sur l’économie réelle en Europe, de façon brutale depuis six mois. Validant l’effet de contagion depuis les Etats-Unis pronostiqué par le FMI mais longtemps dénié par les responsables de la BCE et de l’Eurogroupe, les conditions du crédit se sont rapidement tendues, l’immobilier a été brutalement touché, les exportations se sont déprimées, l’investissement a fortement ralenti.

 

Dans le même temps, l’explosion de la demande des nouveaux pays industrialisés mais surtout la spéculation alimentée par les liquidités abondamment injectées depuis des années par les banques centrales mais fuyant maintenant les marchés financiers, ont provoqué la flambée des prix des matières premières puis une augmentation de l’inflation. Les politiques publiques européennes et, notamment françaises, étant en permanence défavorables aux salariés, le travail a été dévalué et le pouvoir d’achat atteint. Les différentes réformes des retraites aboutissent à en réduire les montants. A la paupérisation relative des classes moyennes a succédé depuis 18 mois, une baisse du pouvoir d’achat. Malgré une évolution démographique très favorable, le chômage recommence sa croissance.

 

 

 

Le gouvernement est incapable de répondre aux nécessités de la situation de la France. Les marges budgétaires ont été gagées par le paquet fiscal du Président Sarkozy. Les cadeaux aux plus riches et les partis-pris idéologiques ont eu raison de la sauvegarde par notre pays de ses capacités de rebonds.

 

La politique monétaire se heurte au fondamentalisme libéral de la Banque Centrale Européenne. Sous prétexte de contrer l’inflation et la hausse des salaires qui suivrait celle des matières premières, elle refuse de mener la politique de soutien qui s’imposerait mais échoue à contrôler la hausse des prix. Pour contrer l’inflation, la BCE n’envisage qu’un recul du pouvoir d’achat des Européens.

 

L’ensemble des pays européens font face à des déficits extérieurs préoccupants. L’exception allemande est un leurre. L’Allemagne a renoué avec sa politique non coopérative et une croissance reposant prioritairement sur les exportations vers ses partenaires européens. Ce faisant, elle y exporte aussi son chômage et masque sa perte de compétitivité mondiale.

 

Les Etats-Unis arrivent au bout d’un cycle. Leur puissance reposait, depuis les années Reagan, sur un endettement croissant beaucoup plus vite que l’économie et alimentant la spéculation des marchés financiers. De crise financière en crise financière, ce système vacille. Aujourd’hui, ce sont des millions de ménages américains qui doivent en payer les conséquences.

 

Les institutions économiques multilatérales sont atteintes dans leur crédibilité. Le FMI est devenu financièrement inutile. Ses prescriptions économiques sont unanimement rejetées. Elles ont fait la preuve, partout dans le Monde, de leurs effets catastrophiques. Sa gouvernance, malgré la réforme envisagée, reste en décalage avec la réalité : les pays occidentaux sont devenus débiteurs au niveau mondial.

 

L’implication politique de l’OMC en faveur du libre-échange est maintenant rejetée. L’Inde et les Etats‑Unis ont sifflé la fin de la partie de la nième tentative de relance du cycle de Doha.

 

 

 

Le capitalisme financier, qui a été l’horizon de toutes les politiques économiques depuis 25 ans, est épuisé. La négligence des questions sociales, environnementales, et industrielles aussi bien que des enjeux à très long terme que seuls des Etats peuvent assumer, ne peut plus durer.

 

L’OMC doit se cantonner à son rôle d’arbitre. Les zones régionales d’intégration commerciale doivent être réhabilitées pour permettre une évolution économique et sociale maîtrisée. L’Union européenne doit rétablir la préférence communautaire. Les déséquilibres sociaux, environnementaux et monétaires doivent être pris en considération dans les règles régissant le commerce mondial. A défaut, les pays de l’Union européenne doivent les appliquer dans la cadre de la préférence communautaire.

 

Le FMI n’a plus de raison d’être. Il doit être absorbé par la Banque mondiale pour l’édification d’une institution réellement multilatérale, plus puissante, au service du financement des infrastructures dans les pays les plus pauvres, notamment d’Afrique.

 

La BCE doit voir ses statuts modifiés. Ses objectifs doivent intégrer la croissance et l’emploi. Sa transparence doit être améliorée. Ses débats doivent être publics. Ses responsables doivent rendre compte aux parlements nationaux. Ses objectifs en matière d’inflation doivent être élargis aux prix des actifs financiers ou immobiliers pour prévenir le renouvellement de crise spéculative. Ses instruments d’intervention doivent être élargis (encadrement du crédit, réescompte…) pour lui permettre d’atteindre plusieurs objectifs (inflation, taux de change, croissance, emploi).

 

L’Eurogroupe doit être transformé en véritable gouvernement économique. Il doit veiller à la cohérence des politiques nationales en fonction d’un objectif de croissance et de plein emploi, notamment en dissuadant ses membres de mener des politiques non coopératives. Il doit prendre le relais des politiques malthusiennes découlant du pacte de stabilité qui doit être fondamentalement rénové. Les mouvements de capitaux doivent être encadrés par des mécanismes de sauvegarde des intérêts stratégiques de chaque pays européens.

 

Le paquet fiscal doit être abrogé. Son montant doit être consacré au soutien des ménages les plus en difficulté et aux investissements de la connaissance (recherche, formation, infrastructures technologiques). L’encadrement législatif des relations sociales doit veiller au rôle des représentants des salariés et à celui des branches pour permettre des évolutions favorables au travail, en particulier en termes de pouvoir d’achat. Les exonérations patronales doivent être systématiquement conditionnées à l’évolution des relations sociales.

 

 

 

La gauche doit affronter le capitalisme financier. Le libre-échange, la mise en concurrence mondiale des mains d’œuvre, les marchés financiers, la spéculation, le creusement des inégalités ne sont pas son horizon. Elle doit prendre des risques politiques et devenir force de proposition d’une véritable alternative économique et sociale.

 



14/09/2008
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